jeudi 22 novembre 2007

Energies renouvelables : le défi de la Pologne

Début 2007, le conseil européen adopte l'objectif "20 – 20 – 20". A savoir, l’exigence pour l’Union Européenne à l’horizon 2020, d'améliorer de 20 % l'efficacité énergétique, de réaliser 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’utiliser 20 % d’énergies renouvelables (dans le bouquet énergétique). On peut tout d’abord se demander si la commission aurait eu cette bonne inspiration sans le coup de pouce du calendrier grégorien. Mais ensuite, si certains pays vont y parvenir par des efforts et initiatives entreprises il y a plusieurs années, pour d’autres les efforts à faire seront conséquents et les objectifs difficiles à atteindre.

Scène de vie à Gliwice

Dans le domaine des énergies renouvelables au moins, la tâche qui attend la Pologne est de taille (atteindre 14 % en 2020). En effet, aujourd’hui la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique globale est d’environ 3 % et 2 % de l’électricité est issue de sources renouvelables. Or si l’on fait un inventaire du potentiel des différentes sources renouvelables exploitables, voilà le constat :

- éolien : potentiel faible (les zones de vent exploitables sont peu nombreuses)

- solaire : potentiel faible pour le solaire thermique et potentiel nul pour le photovoltaïque

- géothermie : quelques zones exploitables en production de chaleur mais potentiel faible

- hydroélectricité : potentiel faible et déjà exploité en grande partie

- BIOMASSE : meilleure opportunité de développement (part estimée en 2010 à 59 % de la production d’électricité d’origine renouvelable).

La biomasse est donc le secteur qui va concentrer l’attention des différents acteurs du secteur de l’énergie. Nous avons quelques exemples de cette implication.


Les sociétés de traitements des déchets et des eaux usées : l’exemple de Tychy

Tychy est l’une des villes cobaye de notre étude. C’est une ville nouvelle (1952) qui faisait auparavant office de « dortoir » pour les ouvriers des mines d’alentours. D’une architecture particulièrement fonctionnaliste, elle est cependant réputée pour ses espaces verts, que nous n’avons pas vraiment eu l’occasion de découvrir à cette période. En revanche, les stations de traitement des déchets communaux et de traitement des eaux usées n’ont presque plus de secret pour nous…

La visite de la station de traitement des déchets
(par - 2 °C)

Elles utilisent toutes deux du biogaz (ici composé de méthane à 60 %)qu’elles produisent. La station de traitement des déchets, très moderne, produit depuis un an de l’électricité et de la chaleur avec un moteur de co-génération d’une puissance de 340 kW pour l’électricité. Ces productions sont entièrement revendues sur les réseaux. De son côté, la station d’épuration, sans doute la plus moderne qu’on ait rencontrée, est autonome en énergie, enfin le sera bientôt. Les boues issues de l’épuration séjournent dans un digesteur.

Les deux digesteurs (les tours)

Le biogaz produit, récupéré et filtré, alimente un moteur de co-génération de 345 kW pour l’électricité. Et grâce aux technologies particulièrement économes en énergie utilisées, l’électricité produite couvre actuellement 50% des besoins en électricité de la station. La chaleur produite assure entièrement l’approvisionnement en chaleur (bâtiments+digesteurs). D’ici la fin 2007, un nouveau moteur identique sera installé et un nouveau digesteur plus grand (11 000 m3) terminé. Il valorisera à la fois la partie du biogaz produit ne pouvant être utilisé jusqu’à présent et celui qui résultera de l’augmentation de l’approvisionnement en eaux usées due à l’extension du réseau d’égouts en cours. A noter que l’ensemble du dispositif de cogénération sera amorti en seulement 2 ans !

A travers la production d’électricité « verte », ces deux stations ont la possibilité de vendre des certificats verts.


L’industrie électrique

98% de l’électricité est produite à partir de charbon en Pologne. Cela dit, les industries électriques sont obligées par la loi d’inclure une part d’énergies renouvelables dans leur production. Pour cela, elles peuvent acheter des certificats verts ou essayer d’inclure une source renouvelable dans leur production. Cette seconde solution a été testée dans plusieurs usines, notamment par introduction de biomasse en mélange avec le charbon. Mais sans succès (perte d’efficacité et augmentation de la pollution atmosphérique). Dans les plus grosses usines, l’ajout de bois dans la combustion a entraîné l’augmentation dangereuse du cours du bois. En effet, la Pologne est un grand producteur de meubles de qualité. Or, ces grosses usines achetaient le bois d’ouvrage pour le brûler, entraînant la faillite de plusieurs producteurs de meubles. Aucune vraie solution n’a été trouvée jusqu’à présent pour inclure la biomasse dans la production d’électricité. Et c’est là qu’intervient :

Pour situer la Silésie en Pologne

La recherche

Etant donné que nous avons coopéré avec l’Institut Polytechnique de Silésie, nous en avons profité pour découvrir certains de leurs projets de recherche.

Concernant l’introduction de la biomasse dans la production énergétique, diverses études sont menées à l’Institut. L’une d’elle concerne l’introduction de la biomasse au niveau de la combustion du charbon, à hauteur de 10%, tout en réduisant fortement les émissions de polluants (en particulier le NOx à la fois toxique et puissant gaz à effet de serre). Nous ne rentrerons pas dans les détails, d’autant plus que l’étude n’est pas encore assez avancée pour proposer des résultats.

Une installation expérimentale d'incorporation
de la biomasse au charbon

Ce qu’il faut retenir c’est que la recherche est l’une des composantes essentielles à l’utilisation de la biomasse mais également à l’utilisation rationnelle de l’énergie (n. efficacité énergétique), à la réduction des polluants dans l’air, etc.

Le bureau du Maréchal (≈ Conseil Régional)

Il représente la collectivité territoriale au niveau régional (voïvodie). Parmi ces compétences, il intervient dans l’aide à la mise en place de projets d’utilisation des ressources d’énergies renouvelables. En Silésie, il a établi des cartes régionales de potentialités de leur utilisation. Ces cartes sont des sources d’informations précieuses pour les communes et leurs habitants afin d’investir judicieusement… Ces cartes représentent par exemple : les vents exploitables, la taille du cheptel en bétail (potentiel de production de biogaz), les unités de traitements des déchets et des eaux usées, …

Les ONG

Le PKEOG est une organisation créée en 1981 qui vise à éduquer les différents acteurs de la société (population, industriels, villes, …) à la problématique environnementale en Pologne.
Le club organise des séminaires et des ateliers pour différents publics (étudiants, tout public, écolier, …).
Il participe à la promotion des énergies renouvelables en diffusant des études de potentialités de la biomasse dans chaque région. Plusieurs séminaires dont le sujet portait sur l’utilisation de la biomasse à des fins énergétiques ont été organisés. Citons notamment une formation dispensée aux agriculteurs dans laquelle était expliquée l’itinéraire technique pour la culture de plantes énergétiques (en particulier topinambour, saule et Miscanthus).


Atteindre l’objectif européen pour la Pologne passera par l’utilisation de la biomasse. Cependant, tous les efforts qui seront entrepris auront pour conséquence d’élever le prix de l’énergie en Pologne. (D’où l’intérêt de l’utiliser rationnellement !)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que savez vous des barrages en Pologne ? Et en France ? (Différences et similitudes, points forts points faibles)