mardi 25 décembre 2007

Cadeau de Noël !

Joyeux Noël !


ChallenGES Tour vous souhaite à toutes et à tous de joyeuses fêtes et a pensé à vous pour Noël. Et oui, vous qui avez raté quelques unes de nos aventures parce que vous n’aviez pas Internet avant Noël, vous qui n’aviez pas encore trouvé l’adresse, vous qui avez envie de relire quelques articles mais ne saviez pas lesquels choisir, ou encore et surtout vous qui n’aviez pas eu le temps ou l’idée de consulter le blog régulièrement mais qui êtes curieux de savoir ce qu’on a bien pu faire pendant 4 mois tout en vous disant que ce sera trop long de reprendre tout depuis le début…

Voilà ici une petite sélection des 6 articles préférés des lecteurs, vous pouvez en lire un par jour ou tout d’un coup si vous êtes impatient(e). Et si ça vous a donné l’eau à la bouche, le goût d’en savoir plus ou l’envie de voyager : vous pouvez en piocher parmi les 9 autres articles cités parmi les préférés avec des intérêts particuliers pour leurs photos, l’actualité, … Voire parmi tous les autres…


Les 6 titres préférés (un peu remixés)

Roumanie
Dracula : instigateur d’un esprit pionnier ?

République Tchèque
L’homme et la taupe : un ancêtre commun proche ?

Slovaquie
Les héritages du communisme

Pologne
Energies renouvelables : le défi polonais

Allemagne
Deux quartiers
« star »

Suisse
Un petit Martigny ça vous dit ?


Nous espérons avec cela vous faire partager un peu du voyage et de nos découvertes. Tout d’abord, ce que nous étions venu cherché : des initiatives prises par des villes dans le but de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais aussi ce qui constitue sans doute notre plus grande découverte : la prise de conscience du rôle essentiel joué par (ou que devrait jouer) les collectivités locales (en particulier les villes) dans la lutte pour la limitation des émissions de gaz à effet de serre et dans le domaine de l’énergie (qui est très lié mais pas en tous points, et est d’aussi grande importance). Un petit texte dans lequel vous trouverez des éléments de réponse.

Bonne lecture


Bonus
Vous les trouverez dans les archives à droite en parcourant les articles par mois
(cliquez sur la petite flèche à gauche du mois)

(République Tchèque) Prague en images

(Actualité) Réchauffement climatique : Le prix Nobel de la paix

(Slovaquie) Prešov, une ville qui se projette dans l’avenir

(Energie-Cités) Une BISE porteuse d'espoir

(Pologne) En attendant le froid

(Belgique) Bilan d’Anderlecht

(Actualité) La crise politique belge

(France / Nancy) Le comportement à la base de l’action à Jarville

(Allemagne) Freiburg good morning

vendredi 21 décembre 2007

Braşov, ville prophète en son pays

Après un premier aperçu de la Roumanie avec Sighişoara, on se devait de faire un détour par la (dix fois plus) grande cité de Braşov. Figurant parmi les grandes villes de Roumanie, elle possède bien des atouts et des particularités qui en font une ville très visitée.

Braşov est située aux confins du coude des Carpates roumaines, en Transylvanie, ça vous rappelle quelque chose ? Ou quelqu’un peut-être… Il nous a fallu beaucoup de courage et de bravoure pour oser venir nous aventurer dans l’ancien fief du comte Dracula. Mais pour ChallenGES Tour, une mission est une mission. Et le jeu en vaut la chandelle.

En effet, Braşov est considérée comme une ville pionnière en matière de gestion de l’énergie en Roumanie.

La piata Sfatului
La place principale du centre historique arbore un gigantesque sapin de Noël
et de nombreux sponsors


Un cadre dynamique

Braşov est aujourd’hui une ville de 300 000 habitants. Elle s’est construite et enrichie en plusieurs siècles grâce à sa position au carrefour de routes commerciales importantes. Au 20e siècle, durant l’époque communiste, c’est son activité industrielle qui contribua à son essor. Des milliers de paysans et d’ouvriers agricoles sont alors arrachés de leur campagne pour venir participer à l’industrialisation forcée (1950-1960). Celle-ci s’est nettement amoindrie depuis la Révolution de 1989.

Un coin cristallin

Aujourd’hui, c’est le développement des services qui prédomine. Le tourisme en particulier, est une activité florissante ici. C’est l’une des 2 villes les plus visitées, avec Bucarest. Les voyageurs y viennent pour sa richesse culturelle et architecturale, autant que pour les loisirs sportifs qu’elle offre (ski, randonnée…), le tout dans un cadre serein. Elle dispose notamment d’une station de ski très prisée en Roumanie, Poïana Braşov. La ville possède une activité économique très dynamique et les investisseurs (notamment allemands et américains) affluent.

2003, la naissance de la première agence locale de l’énergie en Roumanie

Historique d’après ce que l’on nous a raconté : À la suite de sa participation à un séminaire à Londres en 2002, le maire (de l’époque) rapporte de la documentation sur Energie-Cités qu’il fait traduire par le service de la mairie des Relations Internationales. Il s’en suit une volonté de ce maire de créer une agence de l’énergie à Braşov. En partie par le travail et la volonté de Mme Camelia Raţa, elle est créée en 2003 dans le cadre du programme européen SAVE II. Ce programme soutenait la création d’agences en coopération. Une agence à Grenoble et une agence au Portugal étaient les partenaires de l’ABMEE (nom de l’agence de Braşov, Agence pour le management de l’énergie et la protection de l’environnement de Braşov). Soutenue financièrement à 40 % par le programme européen pendant 3 ans, l’agence a survécu après la fin du programme et semble avoir pris le chemin de la pérennité.

Aux abords de la mairie, les mosaïques paradent

Pourtant, cela n’a pas toujours été facile. En 2004 en effet, le changement de maire fait perdre un soutien important de l’agence à la mairie. Elle garde cependant un lien étroit avec la mairie par l’intermédiaire de l’un des deux maires adjoint. Mais aujourd’hui, le maire actuel semble être prêt à soutenir plus fortement l’agence. Ce soutien est important car l’an prochain (2008) viennent les prochaines élections et le maire actuel a de grandes chances d’être réélu. Un contrat sera probablement signé entre les deux parties et devrait ainsi asseoir un peu plus encore l’agence dans le paysage.

Le secret de la « longévité » (si l’on puit dire)

5 personnes travaillent aujourd’hui à l’agence. Et pour maintenir une telle équipe en place, la principale difficulté est probablement financière. Les trois premières années étaient donc financées à 40 % par le programme SAVE, pendant que la mairie assurait 50 % des autres revenus de l’agence (les 10 % restants provenant d’autres partenaires). Ensuite, l’agence est assurée du soutien financier de la mairie quand elle entreprend des projets qui s’inscrivent dans la démarche de l’Agenda 21 de la ville (qui date de 2005). Mais elle continue aussi de mener des projets soutenus par la Commission Européenne (qui prend en charge entre 50 et 85 % des frais des projets retenus). Ceci offre évidemment de très belles perspectives mais aussi beaucoup de travail (ce qu’on a pu constater cette semaine : l’équipe, en vacances, était malgré tout au bureau).

Camelia Rata à gauche, ChallenGES Tour et le secrétaire d'OER à droite

De plus, l’agence travaille depuis le début principalement pour la ville de Braşov et entretient des liens étroits avec l’ensemble de l’administration. Ce dernier point est fondamental selon Camelia (l’un des secrets de la pérennité de l’agence). La directrice actuelle, Camelia Raţa, a travaillé précédemment dans cette même administration ce qui l’aide dans le relationnel.

L’agence au cœur des réseaux

L’agence de management de l’énergie (= ABMEE) de Braşov est la seule entité compétente dans le domaine du management de l’énergie qui est liée à la ville. En ce sens, elle est devenue l’interface de la municipalité dans ses relations avec l’association européenne Energie-Cités et le réseau Orase Energie Roumanie (OER, réseau de 35 villes roumaines sur le modèle d’Energie-Cités mais à l’échelle nationale).

La ville de Braşov est un membre actif d’Energie-Cités et a cette année organisé en avril sa grande conférence annuelle (l’agence et l’équipe d’Energie-Cités). Elle a aussi organisé d’autres évènements comme les deux premiers forums BISE. Elle va participer au projet MODEL (« la municipalité comme modèle pour ses citoyens ») qui est d’ailleurs coordonné en Roumanie par l’ABMEE.

La ville de Braşov est l’actuelle présidente du réseau OER et organise donc des rencontres entre villes membres. Ce réseau (dont Camelia est le directeur exécutif) assure notamment la diffusion des projets de l’Union Européenne et de bonnes pratiques au sein d’une base de données.

La seule rue piétonne de la ville : la rue de la République


Coup de projecteur sur quelques projets de l’ABMEE sur le territoire de Braşov

Pour vous éclairer sur les activités de cette agence, voici quelques morceaux choisis :

- La semaine de l’efficacité énergétique. En septembre 2006, l’agence a lancé cette semaine sous le signe de la communication et de la discussion autour de l’efficacité énergétique. La campagne Display® a ainsi été lancée dans la ville, avec les premiers affichages de performances sur 3 écoles. L’école des Arts a alors réalisé des peintures sur le thème et une école spécialisée dans le sport a organisé un match de Hand : les « Eteignez la lumière » contre les « Fermez le robinet ». Le forum BISE a été organisé cette semaine aussi. Enfin, ce fut l’occasion de donner les premiers de coups de pédale du premier Info Point Energie de Roumanie (ouvert cette semaine là). Ce point Info propose un accueil à toute personne intéressée par le sujet (notamment en ce qui concerne son propre habitat) par l’équipe de l’agence et dispose de documentation.


Plusieurs points d'intérêt sur cette photo : Une ébauche de l'antre de la tannière de Dracula (très incertain) à gauche. En haut de la montagne, Brasov se la joue Hollywood (avec de bons yeux). Et à droite sur le bâtiment : un grand poster de la campagne Display affichant les performances énergétique de cette école.
Zoom

- Mise en place d’une stratégie énergétique pour la ville (faisait partie des missions de l’agence à sa création, comme à Sighişoara).

- Projet : « Développement durable dans un environnement propre à Braşov ». Il s’agit d’un projet de promotion de la qualité de l’air comprenant une analyse de cette qualité et réalisation d’une carte, la mise en place d’une stratégie de management de cette qualité et enfin de campagnes de sensibilisation concernant les mesures simples à adopter par les citoyens pour améliorer la qualité de l’air. Parmi les opérations de sensibilisation, un concours entre écoles (âge fin de collège) a été organisé. Deux représentants de chaque école se prêtaient à divers questionnaires sur le sujet de la qualité de l’air. Une question (ou plutôt une réponse) a particulièrement retenu l’attention des organisateurs et des politiciens de la ville : « Si vous étiez maire 1 journée, que feriez vous ? ». Ce à quoi tous les participants ont répondu en premier : « Nous mettrions à disposition plus d’informations et de connaissance sur le sujet de la qualité de l’air »…

Les jeunes sont donc réceptifs et même avides de connaissance sur le sujet et sur les autres problématiques environnementales : n’est ce pas une bonne nouvelle ?

Palette de couleurs

Etre pionnier, ça signifie se mouvoir dans un environnement qui fait face à l’inconnu et peut réagir parfois de façon hostile. Pour avancer, un engagement considérable et une persévérance continue sont alors indispensables. A Braşov, l’Agence locale du management de l’énergie a bénéficié de la volonté et de la motivation de quelques personnes pendant plusieurs mois pour être créée. Elle a aussi bénéficié de l’expérience d’autres pays européens. Avec le temps, le nombre de sympathisants (personnes convaincues de l’utilité) de l’agence n’a cessé de croître ce qui fait qu’aujourd’hui, elle a trouvé pleinement sa place dans cet environnement.

dimanche 16 décembre 2007

Sighişoara, une ville roumaine au début d’une époque nouvelle

Un voyage d’un week-end nous a conduit en Roumanie, à la découverte d’un pays fraîchement entré dans l’Union Européenne (1er janvier 2007). Le voyage en train augurait un pays bien différent des précédents avec des villages perdus dans une campagne assez vaste et assez peu de villes finalement. Si 80 % de la population européenne est urbaine, en Roumanie, ce taux est de 50 %. D’autre part, nos précédentes rencontres nous on souvent fait part de leurs a priori (plutôt négatifs) au sujet de la Roumanie se qui a aiguisé notre curiosité.

La ville peut se voir de haut

La première ville qui nous a accueilli est Sighişoara, petite ville de 32000 habitants, connue
pour sa citadelle médiévale qu’elle a préservée à travers les âges. Celle-ci lui offre un potentiel touristique intéressant, qui n’est pas complètement exploité aujourd’hui. Nous étions en contact avec Mme Daniela Oprea du département responsable de la construction de projets pour le développement stratégique de la ville. Ce département nous a éclairé sur les nouvelles orientations de la ville, et en particulier sa volonté de s’inscrire dans une démarche de développement durable, notamment dans le domaine de l’énergie.

D’un premier agenda 21 local à un plan stratégique de développement durable

En 2003, la ville a fait l’expérience d’un premier plan local pour son développement durable. Plusieurs acteurs ont contribué à la réalisation de ce document.

- Un comité local de direction, constitué de 23 personnes de divers horizons (le maire, médecin, prêtre, représentant des médias, inspecteur de la protection de l’environnement, …)

- Un bureau local pour l’agenda 21 (créé pour cela). Il est composé de Daniela Oprea et Victor Moldovan.

- Une consultance du centre national du développement durable composé de 8 personnes (agence nationale de l’United Nations Development Program)

- 4 groupes de travail de 5/6 personnes sur l’économie, le social, l’environnement et la citadelle/tourisme/monument. Ils sont constitués de personnes de divers horizons.

Le bureau du departement integration europeenne
Daniela Oprea et Ana Maria

L’agenda présente d’abord un état des lieux de la ville concernant par exemple ses ressources naturelles, ses activités économiques, la société civile … A partir de cela, des objectifs sont définis ce qui donne lieu à la mise en place d’un plan d’action en dégageant des projets prioritaires.

C’était un premier pas qui dégageait des objectifs principalement dans le domaine du social (aide aux bas revenus, mise en place d’un centre d’accueil de jour pour les personnes âgées seules…), de la salubrité (réhabilitation des canalisations d’eau dans certains secteurs), de l’attractivité de la ville (vis-à-vis des investisseurs et des touristes).

Une eglise Orthodoxe (religion principale en Roumanie)

Les projets prioritaires ont été ou sont en partie mis en place. Après cette première expérience, la ville souhaite aller plus loin en se dotant d’un nouveau plan stratégique de développement.

Celui-ci sera élaboré dans le cadre du programme PHARE (programme européen à l’attention des pays non membres de l’Union Européenne, mais la démarche a été lancé avant l’entrée de la Roumanie). Ce plan intégrera de nouveaux éléments par rapport à l’agenda 21. Tout d’abord, le management de l’énergie, notion plutôt émergente en Roumanie, et notamment à Sighişoara, sera pris en compte. Ensuite, l’accent sera mis sur la concertation, en particulier avec la population. Ce point très important a toujours été négligé jusqu’à présent et est peut être source de conflit et de mécontentement. La ville ne dispose que de très peu d’expérience dans le domaine de la communication avec les habitants. Cependant, outre des rencontres prévues avec les acteurs économiques, la société civile, etc., le comité de pilotage du projet (en cours de création) a prévu des séances d’information et de discussion avec la population. Une importante collecte de tous types de données est prévue dans les quartiers. Les données collectées porteront sur l’emploi, la mobilité, … et peut-être sur la consommation d’énergie, la rénovation de l’habitat, etc.

La mairie perchee dans la citadelle

La quatrième (sur six) agence locale de l’énergie de Roumanie est née

Si, comme on nous l’a souvent répété, la gestion de l’énergie est un domaine qui est au début de sa prise en compte, la ville de Sighişoara figure désormais parmi les pionnières dans ce domaine en Roumanie. En effet, elle vient de créer son agence locale de management de l’énergie (en 2006). Celle-ci vient même de recevoir l’agrément de la Commission Européenne (novembre 2007) dans le cadre du projet Intelligent Energy Europe.

Intelligent Energy Europe : qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un programme européen qui vise à supporter la création d’agences locales de l’énergie dans le cadre d’un partenariat entre plusieurs territoires. Ces territoires doivent chacun se doter d’une agence, et ces agences coopèrent ensuite dans leurs activités. En cas d’acceptation du dossier par la Commission Européenne, les différentes agences reçoivent des fonds pendant 3 ans pour les frais de personnels et quelques frais matériel. L’agence doit atteindre des objectifs qu’elle s’est fixés et en rendre compte à l’aide de rapports annuels. Elle doit aussi se maintenir 5 années supplémentaires sans l’argent de la Commission (sous peine de devoir tout rembourser !).

Le projet était à la base coordonné par la Communauté Urbaine du Grand Nancy, mais celle-ci a dû rendre son tablier à la suite de problèmes (les explications sont restées floues). Les autres participants sont italiens : la province de Frosinone (nouveau coordinateur) et la ville de Parme.

Un mode de transport ecolo ?

Comme il n’y a pas de véritable responsable de la gestion de la consommation énergétique à la mairie de Sighişoara, c’est l’agence qui s’en chargera. D’ailleurs M. Mihai Maior (directeur de l’agence) a pour objectif de créer un plan d’efficacité énergétique pour la ville. La réalisation des objectifs fixés dans le cadre du programme Intelligent Energy Europe débutera en janvier 2008. Pour votre gouverne, les voici :

L’objectif général de l’agence : la promotion de l’utilisation efficace de l’énergie dans la zone couverte (où vivent environ 100 000 habitants). Les sous objectifs :

  1. Création d’une base de données sur les ressources d’énergie existante
  2. Estimation de l’utilisation d’énergie
  3. Rédiger une stratégie
  4. Encourager l’utilisation de sources d’énergies non conventionnelles
  5. Sensibiliser la population sur la nécessité de l’utilisation efficace de l’énergie
  6. Assistance technique dans le domaine d’activité (de l’efficacité énergétique) pour les autorités locales et ONG
  7. Designer et mettre en place les projets

Le soleil se couche en avance ici

Sighişoara et ses 32000 habitants est une ville en mutation, notamment concernant la prise en compte de la gestion de l’énergie, mais aussi dans d’autres domaines tout aussi fondamentaux. L’un des moteurs de cette mutation est la création de projets (notamment dans le cadre de programmes européens). Le succès repose autant sur la volonté politique que sur la motivation des acteurs concernés, en particulier le département de Daniela Oprea que nous remercions particulièrement pour sa coopération.

mardi 11 décembre 2007

Prešov, une ville qui se projette dans l’avenir

La ville de Prešov est située à 30 km au Nord de Košice où nous étions auparavant. Malgré ses 90 000 habitants, ce n’est autre que la 3e ville de Slovaquie, derrière Bratislava et Košice. Nous sommes restés une semaine ici et avons pu constater quelques points communs avec l’autre ville slovaque visitée qu’est Košice (transport public populaire, immeubles à rénover, réseau de chauffage à distance étendu,…). M. Vladimir Bulik du département stratégie de la ville a été notre principal interlocuteur.
La rue principale de la ville

Nous est apparue particulièrement durant cette semaine, la volonté de la ville de se projeter dans l’avenir. Voilà donc ce qui fera l’objet de l’article.

La participation et la communication des différents acteurs de la ville sur son avenir en général : la conférence du jeudi 6 décembre

Jeudi, nous avons assisté à une conférence organisée par la ville intitulée : « Prešov, ville du futur ».
Elle avait pour but d’aborder différents thèmes à travers de grands projets que la ville envisage pour les prochaines années. Ainsi, a par exemple été développé le plan économique et social de la ville, document désormais obligatoire pour toute ville slovaque. Quelques exemples de projets : des projets d’architecture dans la ville, le projet de faire de Prešov une ville pour les enfants (sûre et divertissante) et un projet de gestion de l’eau original et innovant.
Le projet « Prešov 2013 », qui prépare la candidature de la ville pour devenir « Capitale européenne de la culture », a particulièrement attiré l’attention. Il constitue un véritable espoir qui suscite beaucoup d’enthousiasme dans la ville, au moins auprès de ses dirigeants. 9 villes slovaques sont pour l’instant candidates, une seule sera choisie en compagnie d’une ville française.

M. Ligus presente le plan energetique de la ville

Il a été intéressant de constater que la problématique énergétique n’était pas en reste, bien au contraire. Tout d’abord, M. Vladimir Ligus, responsable du département architecture, (qui faisait partie des personnes impliquées dans notre étude de la ville), a réalisé une présentation du plan énergétique de la ville (cf. paragraphe 3). M. Peter Janus, représentant la compagnie de transport de la ville, a présenté l’intérêt de la valorisation du transport public, ainsi que ses perspectives d’avenir. Le parc des véhicules publics est constitué uniquement de bus et de trolleybus. Enfin, la ville travaille sur un grand projet de géothermie. Plusieurs intervenants d’horizons divers (des sphères privée et publique) ont décrit ce projet, en discutant de ses intérêts et de ses difficultés de réalisation.

Les illuminations allumees pour la Saint-Nicolas investissent la ville

C’était la 1ère fois que la ville organisait une telle conférence. Son intérêt est manifeste. Cependant, elle réunissait seulement les hommes politiques de la ville, quelques représentants de l’Etat et de sociétés privées importantes dans la ville. Elle gagnerait à être complétée par des opérations de communication ouvertes au reste de la population.


Prešov, une ville qui IMAGINE son futur énergétique…

La ville de Prešov a décidé de devenir une des 12 villes pilote du projet Imagine lancé par l’association Energie-Cités.
Ce projet vise à mieux préparer les cités à l’avenir énergétique de leur territoire. Il touche à la fois à la prospective et à l’action concrète en impliquant différents acteurs de la société (artistes, élus, philosophes, étudiants, fonctionnaires, urbanistes, vendeurs de glace …) et en réalisant une exposition. Intitulée « Ces territoires qui nous montrent la voie », elle se veut source d’inspiration en présentant d’une façon originale et esthétique 16 exemples de villes européennes qui ont innové dans le domaine de l’énergie. Nous vous invitons à consulter les pages Internet du projet Imagine pour une présentation plus complète de l’exposition. Voilà quelques titres évocateurs : « Güssing (Autriche), une petite ville totalement autonome en énergie », « Franche-Comté, l’énergie est dans sa nature », « Nyiregyhàza (Hongrie), la chaleur maîtrisée ».
Prešov est donc impliquée de cette initiative mais pour l’instant, les personnes avec qui nous en avons discutée attendaient de connaître la procédure de réalisation du projet.

Des objectifs énergétiques écrits noir sur blanc
Une chapelle en sentinelle

La ville de Prešov a cette année établi un plan énergétique. Ce document définit les objectifs de la ville dans le domaine de l’énergie ainsi que les moyens de les atteindre. La ville a commandé ce document à un bureau d’experts qui a réalisé un état des lieux avant de déterminer des scénarii réalisables. Il a été élaboré en concertation avec les acteurs de la mairie, les acteurs économiques (entreprises : fournisseur d’énergie, constructeurs, …) et sociaux (association des propriétaires, …). Le plan énergétique de la ville définit des objectifs afin que le territoire participe à son échelle aux objectifs de l’Union Européenne pour 2020 :
Le chef du village est fier de sa realisation

- 30 % d’économie d’énergie pour le chauffage dans la ville (= 30 000 tonnes d’équivalent CO2) en 2015

- 15 % d’utilisation des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique en 2015
Les outils pour réaliser ces objectifs sont : la mise en place d’une législation et des économies d’énergie dans leurs propres bâtiments (167 dont des écoles, 4% des immeubles, …).
L'equivalent de nos triplettes de Belleville (dans un spectacle Slovako-Ukrainien)

En ce qui concerne les énergies renouvelables, ce plan a été (rappelons-le) rédigé en concertation avec les deux fournisseurs de chaleur (TEKO et SpravbytKomfort) qui ont indiqué les sources renouvelables qu’ils envisagent d’utiliser. Il prévoit l’utilisation rapide de la biomasse par les deux fournisseurs à hauteur de 20 % (déchets de bois). Mais surtout, il évoque le grand projet de géothermie de la ville qui fournirait 70 % de la chaleur de la ville… C’est le projet central du plan énergétique, il est très ambitieux et nécessite un investissement conséquent (de l’ordre de 30 M€). Une réflexion sur les modalités de réalisations, très complexes est menée. Est-ce Spravbyt ou la ville qui va investir ? La ville pourrait prétendre à d’importants fonds de l’Union Européenne, mais la compagnie possède 90 % du réseau de chauffage à distance de la ville…
La mascotte de motre chere ecole
En vrac :
Le plan évoque aussi la nécessaire modernisation thermique de la plupart des immeubles de la ville (20 % ont été rénovés). L’association des propriétaires d’appartements espère que ce plan l’aidera à convaincre les propriétaires qui hésitent à investir dans la rénovation.
Une réflexion sur la recherche de fonds (notamment ceux de l’Europe) est aussi menée

La ville de Prešov exprime un désir de s’inscrire parmi les villes tournées vers l’avenir. Ceci passe par la prise en compte des problèmes annoncés du XXIème siècle, en particulier la question énergétique et la problématique du changement climatique. Comment ce désir se concrétisera-t-il ?

samedi 8 décembre 2007

L’approvisionnement en chaleur dans un contexte complexe

L’association 3D’Tour a l’habitude de dire que le que le développement durable est un concept complexe. Avec l’exemple de la ville de Košice, c’est le contexte complexe de l’approvisionnement de chaleur que l’on veut mettre en évidence.

La neige change la face de la rue centrale

Au cours de notre semaine passée dans la ville, nous avons pu rencontrer quelques uns des acteurs principaux de la gestion sur le terrain de l’énergie :

- les producteurs de chaleur sur le territoire que sont la compagnie privée TEKO et la société KOSIT (station de traitement)

- le distributeur de chaleur, à savoir la compagnie TEHO, propriété de la commune.

Ces compagnies interagissent entre elles et bien entendu avec la société, système complexe.

A leur niveau, et pour des raisons diverses, elles sont toutes impliquées dans la recherche d’efficacité énergétique et de limitation des émissions, elles ne négligent pas dans leurs activités économiques leur rôle social et environnemental.

La compagnie KOSIT: pour des citoyens responsables et impliqués

La compagnie KOSIT est responsable de la collecte, du tri, du stockage et de l’incinération des déchets communaux, pour Košice et les 14 villages alentours.

Cette société multifonctionnelle remplit la fonction capitale de « propreté de la ville » préservant ainsi l’environnement urbain et le confort des habitants. Elle a été fondée en 2001 à l’initiative d’une société italienne (elle-même créée par 4 grandes villes italiennes dont Verona et Modena). La ville de Košice en détient 34%. (KOSIT = KOŠice + ITalie). La première interaction de la compagnie avec la société : elle emploie 400 personnes !

Les bouteilles plastiques : une valeur importante

Un atout : la communication
La compagnie a développé son activité avec l’objectif de valoriser au mieux les déchets municipaux afin de répondre à un intérêt économique. Or la première manière de valoriser les déchets est le recyclage. KOSIT est un vendeur de déchets recyclables triés. Pour cela, la société cherche à impliquer au maximum les habitants. Non pas en leur conseillant de produire plus de déchets non. Elle a installé des bennes de tri partout dans la ville. Malgré tout, après réception à la station, elles doivent être re-triées à la main, ce qui coûte du temps et de l’argent.

La salle dédiées à la réception d'élèves et étudiants

La communication auprès de la population est donc nécessaire. La compagnie en est pleinement consciente et a développé depuis le début de nombreuses actions dans ce sens (distribution de brochures sur le tri, de sacs poubelles de tri, nombreuses interventions auprès des enfants qui se déplacent même régulièrement à la centrale, création d’une mascotte et d’une chanson sur le tri, etc.). Elle participe donc à l’éducation à la vie en société.

De l'art avec les déchets

Si leur impact semble notoire auprès des plus jeunes, il est moins visible auprès du reste de la population, à en juger par le contenu des poubelles de tri. Ils persévèrent.


L’incinération comme valorisation énergétique des déchets

Les déchets ne pouvant être recyclés et vendus sont brûlés après broyage (74 000 tonnes par an venant de Košice et des alentours). L’incinérateur est immense (capacité de 60 000 tonnes/an), l’intérieur de la station est très impressionnant. Ce dispositif est l’un des 2 seuls de Slovaquie, le 2nd se trouvant à Bratislava. Cependant, il produit moins de 1% de la puissance totale nécessaire pour chauffer les 90% de la ville qui sont raccordés au CAD. Cette usine d’incinération date du communisme, commence à être vétuste et est peu efficace : un investissement est envisagé afin de mieux valoriser énergétiquement les déchets non recyclables avec si possible l’aide de l’Union Européenne.

Au bout des doigts : des tonnes de déchets

La chaleur produite est transmise sous forme de vapeur d’eau au réseau de chaleur de la ville après avoir été vendue à la station de production de chaleur TEKO. Mais ce système a deux défauts :

- la vapeur entraîne beaucoup de pertes énergétiques car elle est transportée à plus haute température, ce qui favorise les échanges avec l’extérieur (puisque la différence de température intérieur/extérieur est plus importante). KOSIT voudrait donc remplacer la vapeur par de l’eau chaude.

- La quantité d’énergie produite est variable durant l’année car la quantité de déchets produite fluctue (plus en été).

La compagnie TEKO : du chauffage social et malin …

La compagnie TEKO gère la source de chaleur du réseau de Chauffage à Distance (CAD) de la ville. C’est la plus grosse usine de chaleur de la Slovaquie et de la République tchèque réunies. Etant la quasi unique source de chaleur de la ville, elle doit répondre aux besoins (pour l’eau chaude et le chauffage) des habitants de la ville.

L'impressionnante compagnie TEKO

Les facettes de la production énergétique de TEKO

TEKO produit de la chaleur (puissance de 825 MW) en brûlant un mélange de charbon et de gaz, afin d’accroître l’efficacité énergétique. Elle utilise aussi la co-génération afin de produire de l’électricité (puissance de 121 MW), avec ses deux chaudières à vapeurs d’eau, les 4 autres chaudières à eau ne sont pas co-génératives. L’efficacité totale est alors de 90% contre 35-40% pour une chaudière à charbon standard. L’électricité est ici une seconde production, optionnelle, contrairement au procédé habituel. Elle répond ainsi à la demande du réseau national, en particulier aux périodes de forte demande, ce qui permet à TEKO de vendre son électricité à un très bon prix. Les bénéfices (assez importants) réalisés par cette vente permettent de garantir un prix faible et constant pour la vente de chaleur (4 cts d’€ le kWh), ce qui est une priorité pour la compagnie. Ils permettent aussi à la société d’investir…

La compagnie ne se contente pas de préserver le porte feuille des habitants de Košice, elle préserve aussi leur santé, ainsi que celle de la planète.

Pour cela, elle a réalisé d’importants investissements, dont elle ne se cache pas, en matière de contrôle et de limitation des émissions (CO, particules solides fines, CO2, NOx). Ses taux sont ainsi très inférieurs à la norme européenne, ce qui est une bonne chose car la norme va devenir plus stricte à partir de janvier 2008. Les émissions de GES sont globalement deux fois inférieures aux normes grâce à la cogénération. L’entreprise projette aussi d’utiliser la géothermie sur un site situé à 14 km. Le projet devrait démarrer dès 2008. Cette installation représenterait une puissance de 100 MW, ce qui permettrait de remplacer 2 chaudières d’eau chaude !

C’est donc une entreprise qui fonctionne bien, flexible et réactive, qui ne nécessite aucune aide de l’Etat, consciente de son impact sur l’environnement, et soucieuse des conforts thermique et financier des habitants.

Un manoir culturel

TEHO : la compagnie de distribution de chaleur, être au plus près des habitants

Cette entreprise appartient à 100% à la ville. Elle emploie 200 personnes. Elle est responsable de la partie terminale du réseau de CAD, et en particulier des 220 échangeurs de chaleur répartis dans la ville. La chaleur, achetée à l’entreprise TEKO (72% de la production de chaleur de TEKO), est véhiculée sous forme d’eau chaude ou de vapeur (à 15-20%). L’eau est à 150/60°C et la vapeur à une pression de 10 bars, à 220°C. Tout comme le souhaite la compagnie KOSIT, la compagnie TEHO voudrait changer ses conduites de vapeur pour des conduites d’eau chaude. En effet, celles-ci entraînent des pertes énergétiques plus importantes que l’énergie apportée. Globalement dans le réseau de TEHO, l’efficacité du transport de chaleur est de 95,5%.

Soucieuse de sa santé économique, mais aussi de son impact en tant que consommateur d’énergie fossile, elle cherche à améliorer l’efficacité énergétique de son réseau. Une des activités principales de la compagnie actuellement est de changer les anciens échangeurs (âgés de 40 ans) peu efficaces (60%) par de nouveaux plus efficaces (95%), plus petits et de puissance divisée par 4. Cette taille semble être actuellement la taille idéale. Un nouvel échangeur n’alimentera ainsi plus qu’une centaine d’appartements contre 500 auparavant. Aujourd’hui, une vingtaine de nouveaux échangeurs remplacent déjà 5 anciens. Une fois tous remplacés, l’efficacité énergétique de l’ensemble des échangeurs augmentera de 10 % pour atteindre 84 %. (70 % des échangeurs ont 20 ans et une efficacité de 80 %).

Concernant le projet de géothermie que voudrait développer TEKO, le directeur de TEHO est très intéressé. L’harmonie existe donc entre les compagnies.

A Košice (notre exemple du jour), le secteur de l’approvisionnement en chaleur est un secteur créateur d’emploi, en lien direct avec la société (car il l’approvisionne). L’économie est au cœur de ce secteur et la politique un facteur d’influence. L’environnement l’entoure alors qu’il est en relation avec de nombreux autres secteurs. Et bien entendu, c’est un important émetteur de gaz à effet de serre.

Bref, l’un des obstacles à la mise en place d’une gestion optimale de l’énergie (calorifique) est la complexité de son contexte.

mardi 4 décembre 2007

Héritage du communisme et énergie : l’exemple de Košice

On ne vous apprendra rien en disant que le passé d’une ville détermine son allure actuelle. Et en terme d’histoire récente, il existe une différence importante entre les villes des pays d’Europe de l’Est et Centrale et les autres : le communisme (du bloc soviétique).

Ceci datait sans doute d´avant le communisme


Les territoires appartenant au bloc soviétique ont connu un mode de gestion et de construction particulier privilégiant le collectif à l’individu. Ceci se retrouve notamment dans le domaine de l’énergie et Košice est un bon exemple pour illustrer ces particularités. Nous traiterons ici en particulier trois domaines : l’habitat et son isolation, l’habitat et sa source de chaleur et le transport.

Les immeubles de l’époque : de gros consommateurs en nombres
Un géant qui se trouverait sur la place centrale de Košice et qui regarderait aux alentours pourrait voir aux abords de la ville de nombreux immeubles d’un même style. De 6 à 15 étages, des angles droits, pas de fantaisie, des fenêtres bien alignées, nombreuses et toutes identiques, … des immeubles des années 60 – 70 comme on en trouve aussi en France. Ces immeubles en béton armés ont été construits sans qu’il y ait de réel besoin en logement. A Košice, ils contiennent plus de 30 000 appartements, peut-être le double … Alors qu’il y a 20 ans, une partie de ces appartements étaient vides, aujourd’hui ils affichent complet. De nouvelles constructions vont alors voir le jour ces prochaines années (la ville est attractive).

Le fournisseur de chaleur : ces batiments datent, mais ont ete renoves

Une telle quantité de logements est une aubaine pour accueillir les travailleurs (hommes et femmes) et leur famille dans la ville. Cependant, construire des immeubles sobres en énergie n’était pas une habitude de l’époque et ce sont donc des bâtiments très « énergivore ». Afin de limiter la consommation d’énergie due à l’habitat (souvent 1/3 de la consommation dans les villes), il est donc nécessaire d’entreprendre de grands travaux de rénovation et d’isolation sur ces bâtiments. A Košice, ces travaux sont en cours et 38 % de ces immeubles sont maintenant rénovés. Ces immeubles ont été privatisés à 95 % après la révolution mais la rénovation est largement soutenue (financièrement) par l’état, qui s’est responsabilisé dans cette tâche.

Pour résumer : ces immeubles sont donc un avantages social puisqu’ils offrent une grande quantité de logements mais ils doivent être rénovés, ce qui prend du temps, coûte cher et est une lourde tâche.

Le réseau de chauffage à distance : un potentiel d’efficacité énergétique
Le raisonnement du « collectif » était aussi appliqué pour chauffer les logements des villes. Ainsi, dans la plupart des villes du bloc soviétique comme ici à Košice, on trouve un système de chauffage à distance.

Détail technique : Ce système consiste en une source de chaleur centralisée et une distribution de cette chaleur par l’eau circulant dans un réseau de tubes. L’eau est appelé « fluide caloporteur », c'est-à-dire le fluide qui transporte la chaleur. A Košice, l’eau circule à l’état liquide (eau chaude qui part à 150°C dans 85 % du réseau) et à l’état gazeux (vapeur à 220 °C et à 15 bars dans le reste du réseau). L’eau circulante est chauffée par une source de chaleur (immenses chaudières) et est transportée jusqu’à des échangeurs où elle se refroidit en réchauffant un circuit d’eau qui réchauffe le logement. L’eau refroidie termine son cycle en revenant à la source de chaleur pour repartir faire un tour de la ville.


Le réseau (340 km de tuyaux) couvre 90 % des logements de la ville de 250 000 habitants (les bâtiments excentrés ne sont pas desservis et ont leur propre système de chauffage).

Un ecran de controle d´une partie du reseau


Un tel réseau est complexe et demande une gestion rigoureuse. A Košice, la ville assure une partie de sa gestion (à travers une société appartenant à la commune) : la distribution (200 km de réseau, les nombreuses extrémités terminales). Le transport de la chaleur peut être une source importante de perte d’énergie comme l’ajout de nouvelles étapes d’échange de chaleur. Pourtant, un tel réseau dispose d’un vrai potentiel de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Tout d’abord en terme d’efficacité énergétique : comme on l’a vu à Martigny, cette centralisation permet d’utiliser au mieux un combustible (ce qui est différent de la chaudière d’un particulier) car il y a un suivi permanent des performances et un réglage optimum est réalisé ; ensuite, l’utilisation à grande échelle des énergies renouvelables est largement favorisée. En effet, souvent les installations sont plus facilement utilisables à ces dimensions et la décision devra venir du conseil ou du seul fournisseur d’énergie au lieu de plusieurs milliers de particulier. A Košice, un projet d’incorporation de la géothermie est à l’étude et devrait démarrer l’an prochain (la moitié de l’énergie viendra alors de cette source). A Martigny, un projet d’intégration d’une chaudière à bois et un projet de géothermie étaient à l’étude (pour le réseau de chauffage) lors de notre passage.

En résumé : Les réseaux de chauffage à distance disposent d’importants potentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre (efficacité énergétique et énergie renouvelable) et sont aussi créateurs d’emploi localement. Ils sont très difficiles à mettre en place quand un système de chauffage individuel est déjà instauré. En ce sens, c’est un atout pour les villes issues du bloc Košice. Mais il ne suffit pas de disposer d’un potentiel : encore faut il l’exploiter et c’est très compliqué, d’autant que les réseaux déjà en place sont rarement efficaces et nécessitent de lourds travaux et investissements.

Le transport collectif : une évidence de l’époque communiste
Dans les villes françaises (et d’autres pays aussi) souvent la voiture est reine. Les politiques actuelles visent à améliorer le service en matière de transport public et de modes de transports doux (marche, bicyclette, rollers, …). Ceci est compliqué et coûteux mais nécessaire dans une optique de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d’énergie fossile, de confort, … Les chiffres diffèrent selon les villes et les pays mais par exemple utiliser un bus à Bruxelles en heure de pointe plutôt que la voiture divise par 7,5 les émissions de gaz à effet de serre par kilomètre et par personne.

A Košice, le réseau de transport public est déjà dense et efficace et ce, depuis plus de 20 ans. Les lignes de bus, de trams et de trolleys (bus fonctionnant à l’électricité) se croisent et se suivent toute la journée dans un flot en harmonie avec l’animation de la ville. Les bus et trams ne sont pas toujours récents mais parfaitement fonctionnels. Utiliser les transports en commun est une habitude pour les habitants de Košice.

La voiture a la cote

Un point noir cependant : le mode et le niveau de vie changent dans la ville et avoir une voiture et l’utiliser est symbole de réussite (comme dans tous les pays d’Europe traversés visiblement). De plus en plus d’habitants utilisent la voiture. Pour limiter cette tendance, la ville essaie de rendre moins agréable l’utilisation de la voiture (parkings raréfiés, sens uniques plus nombreux en instaurant au passage plus de zones piétonnes, …) et de rendre plus agréable l’utilisation des transports en communs (en achetant de nouveaux bus par exemple). La ville essaie aussi de conserver toutes ses lignes malgré les plaintes de certains automobilistes.

Résumons : Le transport collectif est un mode de transport plus sobre en énergie et en émissions de gaz à effet de serre. C’est un mode de transport très adapté à la ville. Grâce à la gestion de l’époque communiste, les investissements à réaliser pour rendre ce service efficace et utilisé sont moins importants dans des villes comme Košice qu’ailleurs. Cependant, le maintien du réseau et de l’intérêt des habitants pour ce mode n’est pas aisé et nécessite des efforts importants (il peut être vu parfois comme un mode de transport du passé)…

L’héritage du communisme (dans le domaine de l’énergie) dans les villes comporte son lot d’avantages qu’il convient de valoriser et d’inconvénients qu’il convient d’effacer. La ville de Košice est un bon exemple des efforts à réaliser et qui sont évités. Saura-t-elle tirer le meilleur de sa situation pour devenir une ville sobre en énergie ?