dimanche 16 décembre 2007

Sighişoara, une ville roumaine au début d’une époque nouvelle

Un voyage d’un week-end nous a conduit en Roumanie, à la découverte d’un pays fraîchement entré dans l’Union Européenne (1er janvier 2007). Le voyage en train augurait un pays bien différent des précédents avec des villages perdus dans une campagne assez vaste et assez peu de villes finalement. Si 80 % de la population européenne est urbaine, en Roumanie, ce taux est de 50 %. D’autre part, nos précédentes rencontres nous on souvent fait part de leurs a priori (plutôt négatifs) au sujet de la Roumanie se qui a aiguisé notre curiosité.

La ville peut se voir de haut

La première ville qui nous a accueilli est Sighişoara, petite ville de 32000 habitants, connue
pour sa citadelle médiévale qu’elle a préservée à travers les âges. Celle-ci lui offre un potentiel touristique intéressant, qui n’est pas complètement exploité aujourd’hui. Nous étions en contact avec Mme Daniela Oprea du département responsable de la construction de projets pour le développement stratégique de la ville. Ce département nous a éclairé sur les nouvelles orientations de la ville, et en particulier sa volonté de s’inscrire dans une démarche de développement durable, notamment dans le domaine de l’énergie.

D’un premier agenda 21 local à un plan stratégique de développement durable

En 2003, la ville a fait l’expérience d’un premier plan local pour son développement durable. Plusieurs acteurs ont contribué à la réalisation de ce document.

- Un comité local de direction, constitué de 23 personnes de divers horizons (le maire, médecin, prêtre, représentant des médias, inspecteur de la protection de l’environnement, …)

- Un bureau local pour l’agenda 21 (créé pour cela). Il est composé de Daniela Oprea et Victor Moldovan.

- Une consultance du centre national du développement durable composé de 8 personnes (agence nationale de l’United Nations Development Program)

- 4 groupes de travail de 5/6 personnes sur l’économie, le social, l’environnement et la citadelle/tourisme/monument. Ils sont constitués de personnes de divers horizons.

Le bureau du departement integration europeenne
Daniela Oprea et Ana Maria

L’agenda présente d’abord un état des lieux de la ville concernant par exemple ses ressources naturelles, ses activités économiques, la société civile … A partir de cela, des objectifs sont définis ce qui donne lieu à la mise en place d’un plan d’action en dégageant des projets prioritaires.

C’était un premier pas qui dégageait des objectifs principalement dans le domaine du social (aide aux bas revenus, mise en place d’un centre d’accueil de jour pour les personnes âgées seules…), de la salubrité (réhabilitation des canalisations d’eau dans certains secteurs), de l’attractivité de la ville (vis-à-vis des investisseurs et des touristes).

Une eglise Orthodoxe (religion principale en Roumanie)

Les projets prioritaires ont été ou sont en partie mis en place. Après cette première expérience, la ville souhaite aller plus loin en se dotant d’un nouveau plan stratégique de développement.

Celui-ci sera élaboré dans le cadre du programme PHARE (programme européen à l’attention des pays non membres de l’Union Européenne, mais la démarche a été lancé avant l’entrée de la Roumanie). Ce plan intégrera de nouveaux éléments par rapport à l’agenda 21. Tout d’abord, le management de l’énergie, notion plutôt émergente en Roumanie, et notamment à Sighişoara, sera pris en compte. Ensuite, l’accent sera mis sur la concertation, en particulier avec la population. Ce point très important a toujours été négligé jusqu’à présent et est peut être source de conflit et de mécontentement. La ville ne dispose que de très peu d’expérience dans le domaine de la communication avec les habitants. Cependant, outre des rencontres prévues avec les acteurs économiques, la société civile, etc., le comité de pilotage du projet (en cours de création) a prévu des séances d’information et de discussion avec la population. Une importante collecte de tous types de données est prévue dans les quartiers. Les données collectées porteront sur l’emploi, la mobilité, … et peut-être sur la consommation d’énergie, la rénovation de l’habitat, etc.

La mairie perchee dans la citadelle

La quatrième (sur six) agence locale de l’énergie de Roumanie est née

Si, comme on nous l’a souvent répété, la gestion de l’énergie est un domaine qui est au début de sa prise en compte, la ville de Sighişoara figure désormais parmi les pionnières dans ce domaine en Roumanie. En effet, elle vient de créer son agence locale de management de l’énergie (en 2006). Celle-ci vient même de recevoir l’agrément de la Commission Européenne (novembre 2007) dans le cadre du projet Intelligent Energy Europe.

Intelligent Energy Europe : qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un programme européen qui vise à supporter la création d’agences locales de l’énergie dans le cadre d’un partenariat entre plusieurs territoires. Ces territoires doivent chacun se doter d’une agence, et ces agences coopèrent ensuite dans leurs activités. En cas d’acceptation du dossier par la Commission Européenne, les différentes agences reçoivent des fonds pendant 3 ans pour les frais de personnels et quelques frais matériel. L’agence doit atteindre des objectifs qu’elle s’est fixés et en rendre compte à l’aide de rapports annuels. Elle doit aussi se maintenir 5 années supplémentaires sans l’argent de la Commission (sous peine de devoir tout rembourser !).

Le projet était à la base coordonné par la Communauté Urbaine du Grand Nancy, mais celle-ci a dû rendre son tablier à la suite de problèmes (les explications sont restées floues). Les autres participants sont italiens : la province de Frosinone (nouveau coordinateur) et la ville de Parme.

Un mode de transport ecolo ?

Comme il n’y a pas de véritable responsable de la gestion de la consommation énergétique à la mairie de Sighişoara, c’est l’agence qui s’en chargera. D’ailleurs M. Mihai Maior (directeur de l’agence) a pour objectif de créer un plan d’efficacité énergétique pour la ville. La réalisation des objectifs fixés dans le cadre du programme Intelligent Energy Europe débutera en janvier 2008. Pour votre gouverne, les voici :

L’objectif général de l’agence : la promotion de l’utilisation efficace de l’énergie dans la zone couverte (où vivent environ 100 000 habitants). Les sous objectifs :

  1. Création d’une base de données sur les ressources d’énergie existante
  2. Estimation de l’utilisation d’énergie
  3. Rédiger une stratégie
  4. Encourager l’utilisation de sources d’énergies non conventionnelles
  5. Sensibiliser la population sur la nécessité de l’utilisation efficace de l’énergie
  6. Assistance technique dans le domaine d’activité (de l’efficacité énergétique) pour les autorités locales et ONG
  7. Designer et mettre en place les projets

Le soleil se couche en avance ici

Sighişoara et ses 32000 habitants est une ville en mutation, notamment concernant la prise en compte de la gestion de l’énergie, mais aussi dans d’autres domaines tout aussi fondamentaux. L’un des moteurs de cette mutation est la création de projets (notamment dans le cadre de programmes européens). Le succès repose autant sur la volonté politique que sur la motivation des acteurs concernés, en particulier le département de Daniela Oprea que nous remercions particulièrement pour sa coopération.

Aucun commentaire: