lundi 28 janvier 2008

L'hôtel aux mille et un soleils

Enfin décidés à quitter le Danube nous avons repris le train. Nous avons passé quelques jours chez Stoyan, notre ami de Plovdiv rencontré à l’ENSAIA afin d’approfondir notre connaissance de la culture bulgare et avant de poursuivre la série EcoEnergy. Après des épisodes nordiques, en voici un nouveau qui prend comme décor la ville de Smolyan. Située au Sud des Monts Rhodopes, près de la frontière grecque, cette ville s’étend en fond de vallée, de ses 14, 28 ou 40 km de long selon les sources. Nous n’avons pas eu l’occasion d’évaluer cette longueur par nous-même, mais toujours est-il qu’il s’agit de la plus longue ville du pays. Et c’est là que nous avons retrouvé le soleil, et le sol qui n’était plus recouvert d’un mètre de neige.

Smolyan dans sa vallée

La ville de Smolyan, située au cœur des montagnes, dispose d’un fort potentiel touristique. Ce secteur occupe une place importante dans la stratégie de développement de la ville et sera axé autour du tourisme vert. Smolyan a aussi engagé une politique durable de la gestion de l’énergie, avec la création d’un poste d’expert en efficacité énergétique. Ceci est remarquable pour une ville de 80 000 habitants et où 143 personnes travaillent pour la mairie. De plus, elle fait partie des 5 villes pilotes pour le projet MODEL en Bulgarie. Il s’agit d’un projet lancé par Energie-Cités et ses partenaires qui consiste à faire de la ville un modèle pour ses citoyens en matière de gestion énergétique. Les villes participantes font partie des nouveaux pays membres de l’UE. Quelques villes comme Smolyan se sont engagées pour montrer l’exemple aux autres villes de leur pays.

Stoyan et sa famille qui nous ont accueilli à Plovdiv

Mais ce qui va faire l’objet de cet article est la démarche innovante en matière de gestion de l’énergie entreprise par le manager d’un bel hôtel, l’hôtel Makrelov. Celle-ci nous intéresse car elle constitue un exemple de l’engagement du secteur privé dans la construction d’un avenir énergétique et climatique durable.

Les rouages d’une démarche vers la classe A

En 2003, le manager de l’hôtel souhaite agrandir son hôtel tout en rénovant les parties anciennes. Connaissant l’opportunité de cofinancement de ce type de projet par la Commission Européenne, il décide de construire un projet de rénovation permettant de prétendre à l’obtention de fond à travers le programme SAPARD. Ce programme imposait notamment des contraintes en matière d’efficacité énergétique. Le projet ayant été retenu, les travaux ont commencé, assuré d’un soutien financier de la Commission. Achevé en 2006, le projet se vit octroyer un montant correspondant à 20% de l’investissement, qui s’est élevé à 600 000€.

L'hôtel Makrelov

Son toit est désormais orné de 6 panneaux solaires qui permettent de chauffer 1200 L d’eau à 55°C en une journée ensoleillée d’été (oui, le titre de l’article, c’était pour ça, vous trouvez qu’on en fait trop ?). C’est une chaudière à bois qui approvisionne l’hôtel en chaleur l’hiver et épaule si nécessaire les panneaux en été. Le propriétaire projette, quand les finances le lui permettront, d’installer 6 autres panneaux. Enfin et surtout, doté maintenant d’une très bonne isolation thermique des murs, fenêtres et toit, l’hôtel a atteint un degré d’efficacité énergétique élevé. A tel point qu’après un audit poussé, il s’est vu attribuer la certification d’efficacité énergétique de classe A.

Ce matin là, la brume a envahi la place

Quelles motivations ?

Mais pour le manager de l’hôtel, la démarche ne visait pas le moins du monde à apporter sa petite pierre à l’édifice d’un avenir meilleur. Non. Les arguments qui l’ont poussés à entreprendre celle-ci étaient purement économiques. En effet, l’octroi d’une subvention s’ajoute aux économies futures réalisées par les économies d’énergie et aux avantages fiscaux de la certification classe A. Et oui, nous ne l’avions pas encore dit mais celle-ci offre au bâtiment certifié une exonération de taxe d’habitation (ce qui constituait en 2007 pour l’hôtel une économie de 50 000 € environ) pendant 10 ans.

Smolyan est sur la bonne voie

L’implication de tous les secteurs est nécessaire pour s’assurer d’un avenir énergétique et climatique moins incertain. Le secteur privé a ses caractéristiques propres organisées principalement autour de la viabilité économique et de la logique financière. Constater l’investissement de ce secteur dans des mesures d’efficacité énergétique est une preuve qu’elles sont avantageuses économiquement (de part notamment les instruments économiques mis en place pour raccourcir le temps de retour sur investissement [c’est aussi une preuve de l’efficacité de ces derniers]). L’hôtellerie n’est pas très éloignée énergétiquement du secteur résidentiel (vos lieux d’habitation) à ceci près qu’il existe une incertitude d’occupation des lieux. Elle peut donc montrer à tous les voies pour parvenir à l’amélioration de l’efficacité énergétique et que celle-ci constitue souvent un investissement rentable. Le certificat étant un instrument très intéressant, il est un argument supplémentaire à l’investissement. Mais pour cela, il est nécessaire que l’information soit diffusée, ce qui est encore en phase de mise en place en Bulgarie.

Rappel de nos positions


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